Katherine Johnson : des trajectoires parfaites, et pourtant invisible.


 Les STEM seront toujours présents. Certaines disciplines disparaîtront de l'esprit du public, mais il y aura toujours la science, l'ingénierie et la technologie. Et il y aura toujours, toujours, les mathématiques.

Katherine Johnson


Une femme aux calculs stellaires

Dans les années 1960, la NASA préparait l'impossible : envoyer un homme dans l'espace, puis sur la Lune. Pour y parvenir, elle avait besoin d'une précision absolue dans les calculs de trajectoire. Et c'est une femme, Katherine Johnson, mathématicienne brillante et discrète, qui allait rendre cela possible.

Elle a joué un rôle crucial dans les missions Mercure, puis Apollo 11. Lors du vol orbital de John Glenn, ce dernier a exigé que "la fille" vérifie personnellement les calculs informatiques. Il lui faisait plus confiance qu'aux machines.

Mais pendant longtemps, son nom n'apparaissait dans aucun manuel.


Double effacement : femme et noire

Née en 1918 en Virginie-Occidentale, Katherine Johnson grandit dans une Amérique profondément ségrégationniste. Très tôt repérée pour ses capacités en mathématiques, elle entre à l'université à 15 ans. Mais malgré son talent, les portes de la recherche lui sont longtemps conservées se ferment.

Lorsqu'elle intègre la NACA (l'ancêtre de la NASA), elle travaille dans un groupe appelé "les ordinateurs humains". Les femmes y effectuent à la main des calculs pour les ingénieurs hommes. Katherine, en plus d'être une femme, est Noire. Elle travaille dans un bâtiment à part, utilise des toilettes séparées, ne signe pas les rapports...

Cependant, ses calculs ont permis d'envoyer des hommes dans l'espace... et de les ramener en vie.


Le déclic populaire : un film, une reconnaissance tardive

En 2016, le film " Les Figures de l'Ombre" fait connaître au grand public Katherine Johnson, ainsi que ses collègues Dorothy Vaughan et Mary Jackson. Le monde découvre enfin que certaines des plus grandes avancées de la conquête spatiale doivent beaucoup à des femmes invisibles.

En 2015, elle reçoit enfin la Médaille présidentielle de la Liberté des mains de Barack Obama. Elle a 97 ans.


Ce que son histoire nous dit

Katherine Johnson nous rappelle une chose essentielle : être compétent ne suffit pas toujours à être reconnu.

Les sciences ont souvent avancées grâce à des femmes, mais sans elles dans l'histoire officielle. Son parcours symbolise cette tension entre l'excellence et l'effacement, entre la contribution et la reconnaissance .

En racontant son histoire, on ne répare pas l'oubli. Mais on le rend visible. Et c'est un premier pas.


Pourquoi je parle d'elle ici

Katherine Johnson m'inspire parce qu'elle a tracé sa propre trajectoire, malgré tous les murs. Parce qu'elle a compté, sans qu'on la compte. Parce qu'elle nous oblige à nous poser une question simple :

Combien de femmes ont été essentielles, mais jamais citées ? Et pourquoi les sciences semblent-elles encore si peu ouvertes aux femmes ? 

Avec Sciences au Féminin, je veux creuser ces silences.
Écrire, pour celles qui ont été réduites aux notes de bas de page.
Et montrer qu'aujourd'hui encore, les femmes pensent, créent, inventent (même quand personne ne les regarde).
TNTalza

Sources et références

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